À l’instar de la Bathory hongroise et du Dracula roumain, l’histoire de France renferme au moins un personnage qui a inspiré de nombreux récits et légendes vampiriques : Gilles de Rais. C’est donc tout naturellement que, en vacances dans les environs de la place forte de Tiffauges, Senhal et moi décidons de visiter celle-ci et de nous fendre d’une chronique afin de vous faire partager notre découverte de ce lieu hanté par celui qu’on rapproche aujourd’hui du Barbe Bleue des contes.
Arrivés sur place à 11h00, après une bonne heure de route (nous avions dans un premier temps cru que Tiffauges et Machecoul, situé plus près de notre point de départ, était la même forteresse…), nous décidons de nous garer à l’entrée du village et de manger un morceau avant de visiter le château. A cette occasion, nous faisons connaissance avec une cane et un cygne pas franchement effrayés par notre présence, et a priori plutôt bien en chair. Seraient-ils les gardiens de l’endroit ? Sont-ils là pour nous juger et décider si nous sommes dignes de pénétrer les sombres secrets de celui qui régnait jadis ici ? Ils finissent par repartir en direction de leur mare, nous laissant prendre la direction des orgueilleuses ruines qui surplombent la route.
Après nous être acquittés du prix de l’entrée auprès d’une guichetière arborant une tenue médiévale, nous pénétrons par la porte principale, le programme de l’après-midi et nos places en main. La visite du château est en effet ponctuée de nombreuses saynètes et autres spectacles, programmés plusieurs fois dans la journée. A nous de faire notre programme en essayant de tout faire rentrer dedans.
Le récit terminé, nous décidons d’aller jeter un œil dans la crypte de la chapelle, située non loin de l’entrée principale, avant d’aller suivre une visite guidée de l’ensemble des lieux. De la chapelle, ne subsiste que quelques ruines, dont celle d’une assez jolie arche romane. L’entrée de la crypte est située sur le côté des ruines, et nous fait pénétrer dans une petite crypte romane dont l’état de conservation nous surprend. Car si les peintures d’époque ont toutes disparu, il subsiste néanmoins ça et là quelques pigments de couleurs, et les colonnes qui supportent la voûte ne sont pas aussi usées qu’on pourrait le penser, laissant apparaître des faîts assez joliment sculptés.
La visite débute non loin des engins de levage que nous avons pu voir évoluer une bonne heure auparavant. Notre nouveau guide (toujours déguisé, cela va sans dire), nous explique donc que l’occupation des lieux est bien antérieure au château, et remonte sans doute à l’Antiquité (les habitants du nom, Téfaliens, tirant probablement leur nom d’une tribu de guerriers qui investit les lieux à une époque lointaine). Il nous explique ensuite que compte tenu de la disposition des lieux (situés à l’intersection de plusieurs duchés), il est devenu vite nécessaire de dresser une forteresse, jusqu’à ce qu’arrive l’époque de Gilles de Rais, qui a fait de cet édifice un des plus impressionnants d’Europe en termes de superficie et de défense (le château n’ayant été pris qu’une seule fois au cours de son histoire). Il a notamment surélevé le donjon, rasé une partie de la chapelle pour entourer celui-ci de douves et d’une muraille défensive supplémentaire, et installé une habitation pour le moins luxueuse au centre des murailles. Les lieux ont subi les outrages du temps depuis les guerres de religion, mais le guide attise notre intérêt en nous annonçant que, si le donjon est impraticable dû à son effondrement partiel, il semble que les pièces situées en bas de celui-ci soient toujours intactes sous les gravats. Il ne manque plus qu’à effectuer des fouilles pour s’en assurer.
Le spectacle suivant est lié aux premières démonstrations dont nous avons été témoins. Nous nous installons tant bien que mal (il y a déjà beaucoup de monde) dans les tribunes en bois, pour assister à un spectacle intitulé « Ecus et trébuchets, l’art de la guerre ». Pendant une demi-heure, les artistes présents vont ainsi nous expliquer les avancées techniques qui ont permis l’utilisation de machines de guerres impressionnantes, telles que le beffroi (immense tour en bois destinée à investir les murailles assaillies), catapultes et autre couillard. Chaque appareil, reconstitué sur place en état de marche, est ainsi actionné (chargé à l’aide des ballons d’eau que nous avons aperçus tantôt) de manière à ce que nous puissions nous rendre compte de leur potentiel offensif. Les armes légères et tenues de fantassins, ainsi que les harnachements de chevaleries ne sont pas en reste, et nous assistons à une simulation de combat à main ainsi qu’à une démonstration de dextérité à cheval à la lance pour le moins impressionnantes. Le spectacle est également l’occasion d’entendre retentir d’antiques canons chargés à blanc.
Sortis de ce spectacle, nous décidons d’aller faire un tour à la boutique, afin de ne pas repartir sans quelques souvenirs livresques des lieux. Après avoir jeté mon dévolu sur un livre signé Mattei Cazazu (auteur d’un fort minutieux livre sur Vlad Tepes), je choisis d’opter pour un livre d’un éditeur local qui revient sur Gilles de Rais en tant que tueur en série ayant marqué son temps. Nous visionnons ensuite un film en 3D (avec lunettes 3D sur le nez, bien sur) nous narrant l’histoire de la forteresse, et insistant sur les travaux de défense et d’amélioration de la qualité de vie qu’y a effectué Gilles de Rais. Comme toujours, ce genre de film est l’occasion d’une immersion assez réussie dans ce qu’à pu être le lieu au temps de sa splendeur, basé sur l’intrigue simple d’un petit garçon à la recherche de son jouet perdu lors d’une visite des ruines.
Le film 3D terminé, nous prenons la direction de la tour où s’était achevée notre visite guidée, tour où nous allons assister à un petit spectacle sur l’alchimie, Gilles de Rais étant versé dans cet art occulte dont l’une des finalités était de parvenir à créer la pierre philosophale. Le spectacle est très orienté tour de magie, mais l’ensemble est assez prenant, très bien mis en lumière, bien sonorisé (avec même un travail assez minutieux sur les odeurs, une forte senteur d’encens nous parvenant aux narines avant même de pénétrer dans les lieux). De quoi éprouver quelques délicieux frissons en présence d’un alchimiste dont le visage est en parti recouvert d’un masque de cuir et de son assistant bossu.
Le spectacle d’alchimie terminé, nous décidons d’aller jeter un œil en contrebas de la muraille, en direction de la digne aperçue plus tôt depuis la muraille. Sur le chemin de la sortie, nous avisons une petite pièce où nous avons l’occasion d’apprendre quelques petites choses sur l’histoire des lieux depuis les temps anciens, notamment l’aspect antique et les débuts de la place forte (à l’époque, en bois). Senhal me fait remarquer que la plupart des spectacles reprenant des choses identiques mais avec un point de vue différent, cela permet aux spectateurs de repartir sans encombre avec quelques connaissances supplémentaires.
Notre tentative d’accéder à la digue se soldera cependant par un échec, car n’ayant pas trouvé le bon chemin, nous sommes vite coincés par des ronces et autres orties, qui nous empêchent de passer de l’autre côté des murailles. Nous décidons donc de mettre à contribution le temps qui nous sépare du spectacle principal pour nous reposer le long de la rivière, au pied du château.
L’heure du spectacle « Gilles, la légende » étant venue, nous retournons à l’intérieur du château et patientons quelques minutes devant la barrière qui bloque l’accès au lieu du spectacle. La barrière finit par être ouverte par un des acteurs, qui nous laisse prendre place sur les gradins en bois, situé face à la chapelle, à gauche du donjon. Après quelques recommandations habituelles (portables, etc.) le spectacle commence, s’ouvrant sur une scène durant laquelle Gilles de Rais et Jeanne d’Arc échangent quelques mots sur leur vision du monde et de la foi, lors d’un siège. On ressent dès cet instant la dualité qui habite Gilles, élevé dans la débauche et la duperie par son grand-père qui est pourtant impressionné par l’aura de sa comparse. Lors du sacre du dauphin, Gilles semble avoir conscience que là est sa consécration, et que la suite de sa vie ne sera pas aussi lumineuse. Il ne se rangera pas aux côtés de Jeanne quand celle-ci décidera de continuer sa lutte contre les Anglais, et apprendra quelques jours après qu’elle a été brûlée vive à Rouen. De déchéance en déchéance, Gilles va essayer de vendre son âme au démon pour reconquérir sa gloire passée, et finira par être jugé pour ses exactions. Refusant pour un temps d’avouer, il finira par revenir sur sa décision, menacé par l’excommunication, et avouera ses crimes.
Le spectacle ne donne ainsi qu’une vision fragmentaire (et pour le moins romancée) de la vie de Gilles de Rais, n’insistant ainsi pas sur les infanticides dont il a été le coupable, mais l’ensemble du spectacle se révèle bien écrit, bien interprété et bien chorégraphié. Notre journée à Tiffauges s’achevant sur ce spectacle, nous repartons donc à notre point de départ, quittant l’un des lieux où Gilles de Rais a gagné ses galons de monstre humain, embrasant l
Très intéressant. Histoire fascinante que celle de ce maréchal sans vergogne, ce diabolique Gilles de Rais. J’avais moi-même visité le château de Tiffauges l’été dernier. L’atmosphère était particulièrement pesante dans la crypte… et pour cause.
Un site très agréable à visiter de part son architecture mais également part les animations proposées sur le site. Le château étant assez proche du grand site du Puys du Fou, la concurrence se fait rude pour attirer les visiteurs.
Plusieurs visites à thèmes vous sont proposées :
– la presentation de machines de guerre ou de machines de construction que petits et grands pourront manipuler.
– un spectacle 3 D sur les évolutions architecturales du Château.
– un petit spectacle du côté de la Chappelle
– un grand spectacle sur l’histoire de Gilles de Rais
– un petite présentation très mystique sur l’alchimie
– …
Les enfants ne sont pas oubliés. Une visite pour les enfants de 5 à 9 ans leur est reservée pendant que les parents font de même de leur côté. Ils partent costumés avec Dame Catherine à la découverte des épices utilisées dans la vie quotidienne du Moyen-Âge. Une visite qui fut très appréciée car elle se fini sur le petit camp d’entrenement. Les enfants peuvent ici s’essayer au tir à l’arbalète de poings ou au tir à l’arc mais également aux jeux de joutes.
Un petit bémol, aucune allusion (ou presque) n’est faite concernant les actes terribles perpetrés par Gilles de Rais.
Si vous passez dans le coin, arrêtez vous dans ce Château, vous ne le regretterez pas.