Pour se rendre de nouveau à la base nautique bien plus accueillante que celle où nous avons logé, levé à 07h30 ! Youpi. Coup de brosse à dent, pliage de tente, petit pipi avec moustiques attaquant notre appendice prenant l’air, cassos ! Arrivés là bas, après ¼ d’heure à pied, nous demandons Adrian, le maître des lieux rencontré la veille. Nous arrivons dans son bureau en train de discuter avec un autre homme. Là, les choses se compliquent. Pas de moyen pour aller à Snagov ou alors il nous faudra aller en bateau jusque dans l’île du tombeau de Vlad Tepes, puis reprendre une autre barque pour continuer le reste à pied… l’homme nous parle en très bon français. A ce moment précis de l’histoire je cru que nous étions tombé dans un jeu d’aventure type Zelda ou encore jeu de piste grandeur nature : « il faut que vous parliez à l’enfant qui vous emmènera de l’autre côté ». A ces mots, je réfléchi au double sens mystique de cette phrase qui m’assaille, puis… ben j’ai haussé les épaules style, « on verra bien ».
Là, Adrian nous présente un type au look sportif qui nous emmène dans une barque à moteur. Je m’installe à l’arrière, Adrien devant et défilent forêts au loin et un lac à la substance aussi lisse que du miel… les abeilles en moins (chouette !). Puis nous arrivons à l’île. Un enfant de 15 ans aux habits sales nous accueille gentiment. On paie notre entrée dans le monastère où reposerait Vlad Tepes puis nous explique tout. Ainsi le monastère est privé, appartient à un prêtre, l’oncle de l’enfant. Après avoir bu à l’eau du puit, il nous conduit à son frère. Tous deux sont en vacances et aident leur oncle. Et voici donc ce fameux « enfant » qui va nous conduire de l’autre côté en barque. Trajet court, où il nous reste à faire soit disant 4 km pour arriver à une station de Microbus (prononcez à la roumaine : Micrrrobouche). En chemin nous observons l’état délabré des routes, des quelques battisses laissées à l’abandon ou l’état neuf de maisons en cours de construction. Comme si les autochtones souhaitaient faire disparaître l’existant par coups de maisons riches très tape à l’œil. Nous arrivons ensuite dans un petit patelin où nous prenons quelques victuailles, discutons tant bien que mal avec les habitants en baragouinant du roumain-anglais. Certains disent qu’au croisement du bourg et de la nationale il y a une station microbus, d’autres non. Nous voilà rassurés… Bref, nous continuons jusqu’à l’intersection. Je demande à quelques badauds la direction de la fameuse station. L’air patibulaire, ils me font signe de faire de l’auto stop. L’ai dépité je commence à en faire en prévenant Adrien que c’est la seule solution. Lui aurait préféré que nous continuions à pied, jusqu’à trouver la station en question.
Bref, le pouce levé je m’attends à la pire frustration de ma vie. 5 min après, une Ford berline blanche se range sur la bas-côté. Le gars qui devait avoir une 30e d’années nous embarque. Façon de parler. Comme convenu avec Adrien, nous avions prévu de sauter l’étape de Snagov (vu que nous sommes allés sur l’île) et Ploïesti d’aller directement à Sinaïa. Notre chauffeur est sympa, on papote très peu mais le voyage est très agréable. Il possède avec lui un détecteur de « poulaïerie » branché sur leur fréquence radio. Après plusieurs « bip » il ralenti et nous rions de la praticité de l’engin. Dans ces conditions fort légales de circulation et de ciel très couvert, nous faisons bien 60 bornes et avons l’heureuse surprise d’arriver en Transylvanie Méridionale… autrement dit dans la montagne. Nous nous arrêtons à Sinaïa, disons au revoir, les formules d’usage en s’en sortant pour 0 copecs de dépensés.
Arrivés donc en ville les priorités ne sont pas tout à fait les même entre Adrien et moi. Les indécisions sont légions : où dormir ? Tente ? Chez l’habitant ? Trajet en train jusqu’à Brasov ou auto-stop ? Que visiter et quand ? Appeler l’oncle de Fanette (amie d’Adrien) qui devait être notre principal point de chute ? Pour commencer, nous avons tous deux très faim, donc priorité number 1 : s’installer dans le parc de cette belle ville au cœur de la montagne et grailler. L’office accompli, direction la gare pour se renseigner sur les tarifs. Trop de monde, rien de clair, donc nous décidons de faire de l’auto-stop le lendemain. Avant de partir de la gare quelle ne fut pas notre surprise de voir débarquer nombre de personnes costumées à la période 39-45 dont certains en uniforme nazi. Les yeux ébahis nous nous rendons compte qu’il s’agit simplement de comédiens…
En remontant vers le centre-ville, une dame nous accoste en nous proposant des chambres d’hôte à prix raisonnable. Adrien répond par la négative et préfère camper. Je me suis dit aussi que l’on devait se serrer la ceinture. Puis nous repartons crapahuter en vue de visiter un monastère puis le château de Peles. Là je fais signe que je commence à fatiguer un peu et Adrien me resignale un petit problème : pas de nouvelles de notre contact français à Curtea de Arges. Histoire cocasse : nous nous installons sur un banc, j’essaie d’appeler : que dalle. Mon ami me suggère intelligemment que si on peut se servir de nos portables, on ne peut être qu’appelé et pas l’inverse en Roumanie. Je propose d’appeler quand même Fanette et là, avec l’indicatif avant le numéro pour la France, no problemo (On est parti en faisant « no plan »… ce qui explique beaucoup de choses, hein). Je passe la communication à mon compadre. Fanette apparemment gênée va nous trouver une solution. Tout à coup le mobile d’Adrien se met à sonner, après avoir modifié notre plan de voyage sans halte de 3 jours tranquilles à Curtea. Ce fut la grand-mère de Fanette qui prévient que le fameux oncle était joignable puisqu’elle a réussi à le joindre. Merci Fanette !
Bon, nous réitérons l’appel vers l’oncle sans succès aucun. Vous devinez quoi ? Ça commençait à me gaver. Je propose donc de nous changer les idées en allant au monastère et au château. Ce que nous faisons en grimpant les rues ma fi fort pentues du coin. Nous passons vite fait le monastère et allons au très beau château de Peles. Hélas, nous arrivons trop tard pour la visite guidée (soupir). Je fulmine intérieurement. Adrien cherche une nouvelle solution pour appeler notre correspondant à Curtea : il converse avec un gardien. Ce dernier nous propose d’essayer avec une carte téléphonique. Et pour le camping ? Grimper un peu jusqu’à un champ. Entre temps mon comparse accroche avec des français rencontrés et à qui il demande deux trois infos pour le coucher ici et à notre prochaine étape Brasov. Manque de pot ils ne sont que de passage et nous apprennent en gros plusieurs choses que nous savions déjà. Je signale à Adrien au passage que les allez et venues en sac à dos étaient crevantes. Finalement on redescend pour s’acheter la carte téléphonique et n’ayant aucune envie de remonter, j’ébauche intérieurement un plan. Nous récupérons donc une carte et selon une demoiselle, il faut composer un indicatif afin de joindre le département de Curtea sur un fixe. Nous allons à la poste du coin pour se renseigner de nouveau et soit disant qu’il faut encore un maudit préfixe pour joindre cette fois-ci un portable dans une autre « contrée ». Je continue à fulminer. Je compose le 931, équivalent de notre 12. La demoiselle au bout du fil ne comprend pas ma demande et finalement m’annonce qu’il n’y a pas besoin de composer un préfixe pour joindre un portable… J’ai cru que j’allais soit tout démolir ou bien rire de cette situation absurde. J
’appelle l’oncle de Fanette… Succès ! Enfin ! Bon, la conversation n’était pas géniale, ça coupait tout le temps. En gros on le rappelle une fois sur place à Curtea, le vendredi de notre arrivée et resterions jusqu’à lundi soir ou mardi matin là-bas. Un ennui de moins…
Là je propose ou non… je convaincs Adrien de prendre une chambre d’hôte pour la nuit. On part à la recherche d’une personne susceptible de nous aider. Comme d’hab’ elle se présente d’elle-même. On négocie le tarif à deux pour une nuit, avec un traducteur en plus pour la transaction eu demeurant fort sympathique. Nous nous sommes rendus compte qu’il s’agissait d’une rabatteuse qui proposait aux maisons qui indiquaient « cazare » si le tarif négocié était suffisant. Au bout de trois essais nous arrivons dans une chambre pas trop mal mais le tarif a augmenté. Au lieu de 300.000 lei annoncés, c’est 350.000. Adrien négocie bien (le coup du Taxi lui a fait du bien 😉 ). Puis, plaisir immense des pieds déchaussés. Et là, c’est le drame : une affreuse odeur de pied nous assaille. On se pose un peu puis nous allons faire une course, manger un burger, boire un café, essayer le maïs grillé que proposent les roumains comme nous les marrons chauds. On savoure… Retour à la « maison » où il va falloir se doucher à l’eau froide. Même pas peur ! A la suite d’Adrien, je rempli ma gourde (suite à ses conseils) et ce plusieurs fois pour me mouiller, laver et rincer. Ca fait circuler l’sang ! Je fais mes ablutions et avec plaisir rejoins mon lit pour coucher ces quelques phrases.